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L'homme au cœur de la transformation numérique

L'homme au cœur de la transformation numérique

Le 8 décembre 2020, la Région a organisé l’événement 360 Grand Est qui a réuni 2800 participants pour « se relever de la crise, construire le Grand Est de demain pour soutenir et redonner confiance aux entreprises et aux territoires. » 42 tables-rondes étaient proposées parmi lesquelles, celle imaginée au sein de la Communauté des Offreurs de solutions pour l’industrie du futur du Grand Est, par Laurent Perez (EDF), et animée par Bernard Bloch (ÉS). Son thème : « L’Homme au cœur de nos processus et de l’accompagnement de notre transformation numérique ». 

Pour introduire cette table-ronde, Bernard Bloch que « pour être pédagogiques, les organisateurs ont choisi de décrire le parcours des datas à travers diverses expertises, réunissant ainsi quatre offreurs de solutions du Grand Est qui sont à la pointe des technologies de l’industrie du futur : Tallyos (des capteurs au services du facteur humain), The WIW (organisation et traitement des données), Namkin (le marketing industriel pour mettre l’expérience client au cœur de l’industrie) et Human Games (solutions interactives de réalité virtuelle pour la formation, la prévention et la communication). »

Un écosystème de capteurs et de données au service de l'humain 

Pierre Frank est le directeur général de Tallyos, une start-up basée à Metz et Nancy. « Nous proposons plusieurs solutions connectées innovantes pour la gestion des ressources humaines et pour l'amélioration des expériences clients dans les lieux publics. On s'adresse essentiellement aux entreprises dans différents domaines comme le BTP, la propreté, la sécurité, la santé, mais aussi des déchetteries par exemple en ce qui concerne les collectivités. »

Tallyos cherche tout d'abord à connecter au mieux les données grâce à un certain nombre de capteurs (des QR codes, des puces GPS en fonction des circonstances, des balances connectées, des boîtiers fixes pour indiquer la présence de personnes sur différents sites, … Tallyos a ainsi conçu un boîtier qui n’a pas de carte SIM et qui va permettre de suivre le salarié tout au long de sa prestation, permettant de préserver la liberté individuelle des salariés, tout en contribuant à améliorer leur bien-être. 

Afin d’illustrer l’activité de Tallyos, Pierre présente deux cas d’usage. 

« Là, on se trouve sur un chantier de BTP, explique Pierre Frank. Notre souci, là, c'est d'identifier des nœuds sur les chantiers pour mieux implanter les bungalows par exemple, ou réorganiser les points d’eau. On s'est aperçu par exemple qu’un des salariés a marché jusqu'à 12 km dans la journée, et ces 12 km étaient uniquement liés à la mauvaise implantation de la base vie et des points d'eau. » Les réajustements du chantier ont permis aux salariés de marcher au maximum 5 kilomètres par jour.

« On s’est aussi rendu compte que certains salariés super-qualifiés passaient beaucoup de temps sur du transport de charges, alors qu'en mettant en place un lift qui va coûter 150 euros la journée, on va économiser quatre journées de temps de travail, mais surtout avoir moins de troubles musculosquelettiques chez les ouvriers concernés ».

Outre l’amélioration des conditions de travail des salariés, les capteurs installés par Tallyos permettent également d’optimisation des expériences clients en extérieur. Pierre Frank prend l’exemple d’un parc de loisirs. « On s'est rendu compte que sur un parcours estimé à 7h, le visiteur n’était présent sur le parc que pendant 5h. C'était également de suivre les parcours pour amener le visiteur aux alentours de midi vers les zones de restauration plutôt que de les amener vers 11h-11h30, ce qui les amenait à repartir. Cela nous a permis de mieux répartir le flux de visiteurs pendant la journée, d’éviter les bouchons, d’améliorer globalement l'expérience des visiteurs sur le parc. »

L'organisation et le traitement des données pour l'industrie 4.0

Poursuivons le parcours des datas avec Alexis Beatrix, PDG de The WIW, un éditeur de logiciels de solutions pour l'industrie 4.0, basé à Nancy. 

« Sur ce petit schéma qui représente un processus industriel, explique Alexis Béatrix, vous voyez qu'il y a beaucoup de sources d'information qui sont très variées, tant dans leur nature que leur finalité et leur format. Il y en a de plus en plus et le chalenge est de réussir à les collecter, les analyser et les rendre accessibles aux utilisateurs pour qu'ils sachent quoi est quoi, d’où le nom de notre solution, What is What. » 

Le risque est évidemment que les différentes sources d'information ne communiquent pas entre elles. Il s’agit donc de faire converger toutes ces données pour irriguer l'ensemble des fonctions afin que tout le monde ait la même compréhension pour améliorer efficacement les activités opérationnelles de l'entreprise.

« Ce schéma montre comment What is What est au cœur de ces interactions pour collecter, agréger, analyser toutes ces données afin de faciliter la vie des opérateurs et des managers d’équipe en matière d’alerte, de surveillance, de rapports automatiques, de l'exécution de process, de l'analyse des données, bref, de l’aide au pilotage. »

Pour être encore plus pédagogique, Alexis Béatrix prend l’exemple d’un système de gestion de la maintenance assistée par ordinateur. « Cette GMAO est augmentée car, dans notre cas, nous la connectons aux autres systèmes de l’entreprise, notamment au logiciel d’organisation de la production, la gestion du magasin, des commandes, des opérateurs, etc. Il s’agit vraiment de réconcilier la maintenance, la production, la qualité et les finances. »

Des datas optimisées dans une logique métier et de valeur ajoutée pour améliorer l'expérience client 

Troisième offreur de solutions du Grand Est participant à cette table-ronde, Nicolas Declercq, CEO de Namkin, une société implantée à Troyes, avec des bureaux en Rhône-Alpes et à Strasbourg. « On l’a vu avec les deux offreurs de solutions précédents, toutes ces données ont de la valeur et notre métier, c’est justement de travailler ces sciences économiques pour optimiser le transfert de ces nouvelles solutions vers le client, et ça peut passer par des nouveaux modèles économiques, des nouveaux systèmes d'échanges avec le client. Tout cela peut matérialiser par ce qu'on appelle l'expérience client industriel business-to-business avec un marquage des données puisqu’il y a énormément d'éléments qui peuvent être digitalisés aujourd'hui. »

Nicolas Declercq explique les mutations en matière d’organisation des entreprises et des relations clients-fournisseurs. 

« On va avoir des points de contact qui vont être digitaux et on peut énormément de services et créer de nouveaux modèles économiques plus serviciels. La relation client passe donc par différentes étapes : la découverte, l’engagement, la conversion, la fidélisation dans la durée. Tous ces points de contact génèrent de la donnée. On va les faire parler avec les datas internes à l’entreprise (ERP, PIM, …), mais aussi externes avec les parcours clients sur les sites internet, les réseaux sociaux. On va ensuite agréger le tout dans une logique métier et de valeur ajoutée. »

Pour le CEO de Namkin, les briques technologiques ne sont évidemment que des moyens d'arriver à mieux produire de la valeur, à faire de l'humain augmentée quelque part, finalement à faciliter la vie des hommes et des femmes de l’entreprise. Les fonctions sont très hétérogènes et il s’agit d’aider ces métiers à partager une meilleure connaissance des clients et de faire de l'intelligence économique pour pouvoir améliorer l'expérience qu’ils font vivre à leurs clients.

« On peut prendre les enjeux métiers : 80 % de l'acte de vente se déroule avant de rencontrer un vendeur. Ça implique des nouveaux usages, des nouveaux modèles de relation-client, et donc une très forte mutation des métiers. Les organisations doivent aussi évoluer car le process doit aussi être agile. On peut centraliser ces données et les faire parler avec des algorithmes d’intelligence artificielle, c'est un peu ce qu'on essaye de faire chez Namkin. » 

De la data à la réalité augmentée et virtuelle pour la formation, la prévention et la communication 

Pour clore ce parcours de la data avec des offreurs de solutions pour l’industrie du futur du Grand Est, passons à présent à Deise Mikhail, co-fondateur de Human Games, une start-up créée en 2013 et basée à Nancy. 

« Nous sommes spécialisé dans la gamification des problématiques dans les entreprises pour mettre en forme des nouvelles solutions de formation, qui peuvent être beaucoup plus efficaces et attirer plus de gens ». 

La tablette tactile virtuelle est un de ces exemples. « C’est un de ces outils qui permet à l’utilisateur d’être en immersion totale. On essaye de trouver des solutions d’usage qui permettent de retrouver un petit peu les réflexes du quotidien. Ça nous a paru naturel d'intégrer ça dans notre système d'interfaces : on peut envoyer des images qu'on a fait dans le monde virtuel, ça permet de naviguer, … C'est un outil auquel les gens sont habitués et notre souci est d’effacer le maximum le numérique pour vraiment travailler sur la gestuelle. C’est l’un des outils qu'on essaye de proposer et on évolue tout le temps parce qu'il faut accompagner les progrès technologiques. »

Autre exemple, des systèmes d'évaluation à 360 degrés. Pour Human Games, il s’agit d’évaluer des comportements humains, des attitudes, des réactions et d’essayer de les stocker localement pour préserver la confidentialité des données. « On travaille avec des psychanalystes, des gens spécialisés dans la psychologie, dans le recrutement. L’idée, c'est d'arriver à anticiper des comportements, essayer de les comprendre, de les analyser pour à la fois permettre aux gens de travailler dans des meilleures conditions, de travailler des conditions plus confortables et moins stressantes. On arrive à avoir des résultats assez spectaculaires, parce qu’on ne pose pas la question directement, on immerge les gens et on les fait jouer des changements, comme dans Donjons et Dragons. Ils font plein de choses qui n'ont rien à voir avec le questionnement, ils sont très détendus, et on se rapproche au maximum de la réalité, disons qu’ils sont le plus naturel et leurs réactions sont les plus spontanée possibles. » 

Deise expose un troisième exemple qui est un mixte de réalité augmentée et de réalité virtuelle. « On a déjà commencé un premier projet important avec une entreprise connue dans la région, Noremat. L’idée était de faire essayer un engin assez volumineux dans une situation réelle, tout en restant dans le salon de démonstration. Les gens montaient dans un véritable engin, mettaient un casque de réalité virtuelle et pilotaient ensuite l’engin virtuellement. On travaille de plus en plus sur ces solutions où on peut passer du monde réel au monde virtuel, voire mélanger les deux. Par exemple, on peut envoyer une balle virtuelle sur un fauteuil réel qui rebondit. Pour l'instant, la technologie est encore balbutiante, mais on travaille beaucoup là-dessus. La réalité mixée, c'est vraiment être hyper interactive et hyper intuitive. »

Pour Laurent Perez (EDF), cette table-ronde dans le cadre de l’événement 360 Grand Est. L’un des axes du Business Act est l’industrie 5.0 qui place l’humain au cœur de l’industrie du futur. « Globalement, on parle toujours de technologies, mais l'homme dans tout ça ? On parle d’humain augmenté, on parle de technologie prêt-à-porter avec la miniaturisation des capteurs, mais le point commun de tout ça, c'est bien l'humain. C'est l'humain qui porte la technologie, mais si l’humain rejette la technologie, on peut avoir la meilleure technologie du monde, finalement on n'y arrive pas. Je me suis donc dis que c'est sur cet axe-là qu'on doit communiquer aujourd'hui. Comment les offreurs de solutions présents ici accompagnent les projets des entreprises, comment ils accompagnent la formation des personnes, comment ils présentent aux utilisateurs cette technologie pour qu'ils acceptent de les utiliser, et qu'est-ce que ça apporte aux salariés d'utiliser cette technologie, et quelles sont les nouvelles compétences dont ils ont besoin. »

Nicolas Declercq confirme qu’effectivement la data va devenir le lot quotidien des salariés. « Ce qui nous relie, c’est de simplifier leur vie, que ce soit facile d’accès. Human Games montrer bien cet aspect. »

Dans leurs offres, les startups proposent toujours un lot d’accompagnement de cette transformation numérique. « Notre travail, au-delà de proposer des boîtiers simplifiés, et de faire comprendre aux personnes que notre idée n’est pas de les remplacer, mais de valoriser leur métier, souligne Pierre Franck. Dans leur métier, ils ont un certain nombre d’expertises et que transmettre ces expertises ne peut se faire que par des données factuelles, qui ne peuvent être transmises que par un certain nombre de chiffres et de valorisation qui vont être transmis à des plateformes, comme celles présentées par The WIW ou Namkin. Il faut donc montrer aux personnes que cela va en fait valoriser leurs performances individuelles au service de la performance collective, et surtout leur montrer aussi que grâce aux données qu’ils vont nous permettre de collecter grâce à leurs interventions, ils vont permettre d'automatiser un certain nombre de tâches qui vont les libérer pour n’avoir que des tâches à valeur ajoutée, et qui vont en plus leur épargner dans certains métiers des troubles musculo-squelettiques. »

Alexis Beatrix insiste sur ce point : « Comment ces données sont collectées, d’où elles viennent, c'est notre problème d'offreurs, ça ne doit en aucun cas être celui pour qui on fait ce travail. Je souscris à 300%, ce qu’il leur faut, c'est le résultat, le bénéfice pour eux. Alors, comment on aborde nos nouveaux clients ? Je crois qu'il faut tout d'abord éviter de leur parler de technologie, de protocole, d’utiliser des mots savants, et leur apporter aussi vite que possible une solution avec un bénéfice financier, des bénéfices. A partir de là, on peut élargir, avoir une spirale qui va croître. »

Les salariés vont-ils accepté d’être pistés dans leurs activités ? Avec Human Games, depuis sept ans Deise Mikhael a vécu trois phases. Une première phase où il a fallu évangéliser. « Avant de parler de nous, il fallait parler de réalité virtuelle dans les entreprises ». Puis la phase où les entreprises voulaient du numérique à tout prix, une forme d’hystérie pour être dans le coup et pas être larguées. « Maintenant, on est dans une forme de phase mature. Les entreprises commencent à avoir digéré un petit peu l'effet waouh, l’effet spectaculaire. Elles commencent à être beaucoup plus précises dans leurs besoins, à beaucoup plus réfléchir par rapport à ce qu'elles veulent. Et du coup elles essayent d'impliquer tout le monde dans cette démarche. »

Si l’accompagnement n’est pas le premier réflexe des entreprises, la chance des offreurs de solutions, est justement de pouvoir leur apporter un tel service, avec toute leur passion de startupper. Pierre Franck souligne toutefois que « si les entreprises clientes n’ont pas en interne un chef de projet, qui reste un humain et qui va accompagner la solution, alors il faut qu’on mette à disposition un humain pour justement faire passer ces messages. Chez Tallyos, on recrute aujourd'hui ce qu’on appelle « des éleveurs », des personnes se lèvent le matin pour être à disposition de nos clients et les accompagner dans leur développement, pour les aider à communiquer et à être pédagogues auprès de leurs salariés. »

Nicolas Declercq souligne que « dans un programme de transformation, il faut un sponsoring et sa vient forcément d’en haut, comme tout grand projet, puisqu’on est dans une révolution industrielle et que ça touche tous les métiers. La transformation va s'opérer par une adhésion des différents corps de métier et dans l'acceptation de passer de l'information qui va leur permettre d'obtenir des bénéfices pour mieux faire leur métier, afin de conquérir des parts de marché, d’être plus efficients, de réduire les coûts, pour créer de nouveaux services pour les clients, tout ça pour demain être meilleurs sur le marché. Tout cela passe par beaucoup de communication en interne et un sponsoring qui est fort. »

En clôture de cette table-ronde, Laurent Perez s’est montré rassuré par la complémentarité des offreurs présents et leurs démonstrations pédagogiques qui placent bien l’humain au cœur de leur réflexion et de leur stratégie. « Le message est clair : la technologie toute seule ne suffit pas et il faut continuer à culture à expliquer les choses de manière à aider ces technologies à pénétrer les entreprises. On est là dans le cadre de la Communauté des offreurs de solutions dont les entreprises, avec l’ensemble des technologies qu’elles ont, sont capables de proposer une offre globale à l'entreprise, qui part du capteur jusqu'à la formation de ses salariés. Tout ça aujourd'hui, cette Communauté est à même de le faire, d’apporter une réponse très rapide à un besoin précis d’un industriel. » 
 

Publié le : 08 Dec 2020

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